What makes a Hero? (The Legend of Zelda, gén, adventure, hurt, comfort, ang)

What makes a Hero? (The Legend of Zelda, gén, adventure, hurt, comfort, ang)


Titre : What makes a Hero?

Auteur : Selphie Kinneas 175

Fandom : The Legend of Zelda

Statut : fanfiction terminée

Rating : 13+

Genre : Adventure, Hurt / Comfort

Résumé (traduction) : TP. Un Crépuscule perpétuel ; un mal clandestin. Des territoires liés par des ténèbres envahissantes. Le destin de deux mondes pèse dans la balance et seul un héros peut les sauver. Une réécriture de Twilight Princess.

Avis :

Une histoire pleine de richesses…

What makes a Hero? est une novellisation du jeu The Legend of Zelda. Twilight Princess, sorti par Nintendo en 2006. Dans cet opus, Hyrule, royaume gouverné par la belle Princesse Zelda, est envahi par le Crépuscule, mal mystérieux qui étouffe la lumière du royaume et transforme ses habitants en âmes désincarnées. Pour pouvoir le combattre et défaire les créatures issues d’un autre monde qui ont envahi les terres sacrées des Déesses, un Héros doit se lever. Dans le paisible village d’Ordon, Link, un Hylien âgé de dix-sept ans, coule des jours heureux. Alors qu’il doit se rendre au château d’Hyrule pour remettre un présent à la Princesse Zelda, cette paix bénie est brisée par l’arrivée de monstres. Monstres qui enlèvent les amis de Link, Colin et Iria…

Que le lecteur se rassure, il ne sera pas question ici de suivre de manière linéaire la trame imposée par le jeu. Si Link et sa compagne, Midona, créature du Crépuscule, explorent bien les donjons du jeu et affrontent les ennemis qui y sont présentés, Selphie Kinneas 175 ajoute ses propres ingrédients au chaudron. Par exemple, nous pouvons citer tous les passages où Link revient se faire soigner au village Cocorico pour se faire soigner par le Père Reynald et qui sont l’occasion de scènes entre lui et les enfants d’Ordon, ou encore tous les passages liés au passé du personnage principal.

De plus, l’auteur fait l’effort de rendre les explorations des donjons intéressantes, à coups de descriptions détaillées et d’enchaînements de péripéties. Cela change d’autres novellisations des jeux de la licence, où les passages dans les donjons sont trop peu explorés et les lieux trop peu décrits, l’auteur considérant que les lecteurs connaissent le jeu. En conséquent, en plus de permettre l’intégration de lecteurs n’ayant pas joué au jeu, Selphie Kinneas 175 s’emploie à transformer ce contenu audiovisuel en un contenu véritablement littéraire.

D’ailleurs, il est nécessaire d’insister sur le talent d’écrivain de Selphie Kinneas 175, dont l’écriture se caractérise par des phrases fluides et par un vocabulaire riche. Cela rend la lecture agréable non-seulement pour les anglophones mais également pour les non-anglophones.

Outre la mise en écriture d’un jeu déjà riche par son scénario intéressant et par ses références, le titre choisi pour la fanfiction est intéressant. En effet, c’est lui qui constituera le fil rouge de l’histoire, l’auteur s’employant à répondre à sa question au fil des chapitres. Au fur et à mesure de l’évolution de Link, le héros, des éléments de réponse sont apportés, sans qu’on n’obtienne jamais de réponse définitive. La question reste ouverte et la réflexion sur celle-ci laissée aux bons soins du lecteur. Il n’empêche qu’elle reste particulièrement pertinente pour une histoire mettant en scène l’archétype du héros, à savoir un chevalier sans peur et sans reproches.

… Incarnée par des personnages tout aussi riches

Bien que le scénario soit très bien conçu et exploité, la plus grande qualité de cette fanfiction sont ses personnages, tous issus du jeu.

Commençons par le héros de l’histoire, Link, porteur du Courage. Bien qu’elle reprenne des éléments propres aux héros tels qu’ils peuvent être décrits dans les légendes arthuriennes ou dans des œuvres de Fantasy telles que Le Seigneur des Anneaux, Selphie Kinneas 175 s’emploie tout de même à casser le cliché du preux chevalier. En effet, elle dote Link d’un passé traumatique, le jeune homme ayant été témoin de la mort de ses parents biologiques à l’âge de dix ans. En découle un besoin presque obsessionnel de protéger ceux qu’il aime, ainsi qu’un désir de vengeance et une colère à l’égard des assassins de sa famille.

Loin de tomber dans le pathos avec cette partie de l’histoire de son personnage, Selphie Kinneas 175 développe la douleur liée à l’absence et la colère issue de l’injustice avec une certaine délicatesse et une certaine vérité. Il est appréciable de voir un Link parfois dur, impitoyable avec ses ennemis, mais qui sait aussi faire preuve de clémence et d’empathie. Tour à tour, nous oscillons entre des scènes où le guerrier prend possession du jeune homme et d’autres où il retrouve toute son humanité, ployant parfois sous le poids de son destin. Point central dans les jeux The Legend of Zelda, Link accepte sa mission avec une maturité impressionnante pour son jeune âge. D’ailleurs, le fait de grandir trop vite lorsque nous sommes confrontés à des horreurs est très bien abordé ici, donnant au personnage de Link une personnalité très intéressante. Ainsi, l’auteur a su exploiter avec brillo la liberté laissée par les jeux concernant le traitement du personnage principal, liberté due au mutisme de Link.

La richesse de ce protagoniste est renforcée par Midona, l’un des personnages les plus appréciés par les joueurs. La version qu’en offre Selphie Kinneas 175 est très fidèle à celle d’origine. Créature issue du Crépuscule, Midona est, au début de l’histoire, une petite peste égoïste, qui n’hésite pas à risquer la vie de son compagnon et à jouer avec son inquiétude pour ses proches pour obtenir ce qu’elle désire. Cela donne lieu à des dialogues qui, s’ils sont le témoin de la cruauté de la lutine, sont tout de même assez drôles. Cependant, à l’instar du jeu, l’élément le plus intéressant reste l’évolution fulgurante de ce personnage, dont on découvre peu à peu l’humanité ainsi que le passé douloureux et le fardeau qui l’ont conduite à devenir dure et à nourrir du ressentiment à l’égard des habitants d’Hyrule. Cette évolution est provoquée par le changement de la nature de la relation qu’elle entretient avec Link, une complicité touchante se développant peu à peu entre eux, à tel point qu’ils deviennent interdépendants.

Il faut d’ailleurs saluer la force des dialogues, qui, tout en animant l’histoire, fournissent de nombreux renseignements sur la personnalité des personnages et de leur relation. Il serait presque possible d’affirmer que les dialogues sont une incarnation des protagonistes de l’histoire. C’est assez rare pour être mentionné.

Nous terminons sur les personnages secondaires, très bien exploités. Deux d’entre eux en particulier incarnent des figures de mentors, personnage indispensable de tout récit initiatique. Il y a, en premier lieu, Moï, épéiste du village d’Ordon et père adoptif de Link. En plus de l’avoir éduqué et de lui avoir enseigné l’art martial, Moï intègre la Résistance et se trouve être un allié précieux dans la quête du Héros, tout en continuant à incarner une figure paternelle indispensable. Il est particulièrement appréciable de voir que, loin d’incarner la figure d’un Maître Yoda, il serait plutôt un Obi-Wan Kenobi, avec ses forces et ses failles.

En second lieu, il y a le Père Reynald, chaman du village de Cocorico, qui soigne Link dès qu’il est blessé et lui offre un asile, tout en dispensant de précieux conseils. Il est à Twilight Princess ce que Maître Yoda est à Star Wars. Il représente à la fois le sage et l’oasis, permettant à Link de se reposer et de retrouver, en quelque sorte, son humanité. Cela est d’autant plus flagrant que le Père Reynald devient le gardien des enfants du village d’Ordon, êtres précieux aux yeux de Link qui forment une attache avec la réalité et avec ce que la vie a de positif. Cocorico et ses habitants sont donc entre deux, à la fois touchés par l’horreur de la guerre et incarnation d’une vie passée et révolue pour Link.

Malgré un traitement exemplaire des personnages secondaires, souvent les grands oubliés des histoires, il est regrettable que la Princesse Zelda n’ait pas plus de poids. Evidemment, Selphie Kinneas 175 insiste sur son courage et son sens du sacrifice, transformant la demoiselle en détresse trop souvent présentée dans les jeux vidéos et autres médias en une souveraine plaçant l’intérêt de son peuple au-dessus du sien. Et, si elle devient, à la fin de l’histoire, un personnage indispensable pour Link, elle reste discrète tout au long de l’intrigue. Si cela correspond au jeu, il aurait été intéressant de lui donner un rôle plus important ou du moins, de l’évoquer davantage. Mais c’est ici la fan du personnage qui parle.

Un petit bijou qu’il faut absolument lire

Si évidemment, la barrière de la langue existe – la fanfiction n’a pas encore été traduite à ce jour – cette histoire est un véritable petit bijou, qui mérite d’être connu chez les francophones. Une fois que vous plongez dedans, vous n’en ressortez plus jusque la dernière ligne. Une véritable drogue, avec, cette fois-ci, uniquement des effets bénéfiques.

 

Laisser un commentaire